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Equiweb

Découvrez l’endurance avec roadbookendurance

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Aujourd’hui, Equiweb change d’air et vous fait découvrir cette discipline si passionnante mais malheureusement peu médiatisé qu’est l’endurance. Merci beaucoup à Elsa, créatrice du blog Roadbook Endurance pour avoir répondu à nos nombreuses questions afin de vous apporter toutes les informations relatives à cette discipline ! Bonne lecture à tous.

Avant tout, pourrais-tu nous expliquer en quoi consiste l’endurance ?

L’endurance, contrairement à de nombreuses disciplines équestres, se déroule complètement hors carrière. Attention, cela ne veut pas dire pour autant que nous ne fréquentons jamais les carrés sablés dans notre travail et entraînement (smile, clin d’oeil tout ce que tu veux). Si je devais résumer et comparer, c’est un marathon à cheval mais en plusieurs étapes, comme le tour de France. 

Quelles que soient les épreuves, en nombre de kilomètres, un vieil adage dit “terminer, c’est gagner” car le premier objectif d’un cavalier d’endurance est d’amener son cheval dans les meilleures conditions physiques et mentales pour franchir la ligne d’arrivée et valider son contrôle vétérinaire.Les épreuves sont basées sur un nombre de kilomètres à parcourir, comme en SO où elles sont basées sur des hauteurs, ainsi que la vitesse. Il y a des épreuves à vitesse imposée (entre 10-12km/h puis 12-15km/h) dont le but est de se rapprocher le plus de la vitesse maximale autorisée tout en ayant la meilleure récupération cardiaque au contrôle final et des épreuves à vitesse libre, au minimum 100 kilomètres. Sur celles-ci le départ est donné en groupe et c’est au premier qui franchit la ligne d’arrivée au terme des étapes.Tout est basé sur la connaissance de son cheval, de ses capacités physiques et son suivi vétérinaire. A chaque étape de 20 ou 30 kilomètres environ, le vétérinaire contrôle la santé métabolique et les allures du cheval et sans cela, le couple ne peut poursuivre.

C’est très important de savoir juger soit-même les allures de son cheval, son état d’excitation ou de fatigue, son hydratation. Ensuite vient la gestion du terrain, on ne saute pas sur un terrain en herbe comme sur un terrain de sable, pareil pour nous ! Il faut gérer son allure et sa vitesse en fonction de la piste, du dénivelé, de la dureté du sol et nous avons plusieurs points de ravitaillement sur une étape où nos grooms donnent à boire au cheval et l’arrosent pour évacuer la transpiration.

Au contrôle vétérinaire, le but est de faire récupérer son cheval de l’effort le plus rapidement possible, c’est à dire qu’il soit descendu en dessous de 64 pulsations cardiaques par minutes et qu’il ai évacué la transpiration.

Crédit : Eric Trescazes

Un tel effort demande ainsi une grande préparation du cheval comme du cavalier n’est-ce pas ? En quoi consiste le travail quotidien de préparation à l’endurance ?


Pour cela, il faut effectivement une bonne préparation physique du cheval et aussi du cavalier, car c’est le couple qui va au bout de l’épreuve et si tu es fatigué, tu impactes ton cheval et cela peut avoir des conséquences.

Un cheval qui travaille régulièrement et est en bonne santé peut faire une épreuve club 4,3 ou 2 sans problème (10 et 20km). C’est d’ailleurs un très bon travail de trotting pour ceux qui font du complet. J’ai également vu des équipes de polo courir en club 2 pour préparer leurs chevaux, leur donner du souffle et de l’endurance. C’est très accessible et je ne connais pas un cheval qui ne se fasse pas plaisir sur une longue balade active de une heure ou une heure et demie. Pour préparer son cheval, il est conseillé de faire “du long et lent” c’est à dire des grandes balades, au pas actif, avec des allures sur un bon terrain qui durent généralement deux heures voire plus, deux fois par semaine pour commencer. On travaille aussi la souplesse et le dressage sur le plat, pour pouvoir changer aisément de pied au galop, prendre des virages équilibrés, tendre le dos dans les montées. C’est important d’avoir un cheval souple car la discipline raidit beaucoup et on gagne des secondes au sprint avec un virage serré :p

Pour le cavalier il suffit d’être en forme physiquement, d’être tonique, vous aurez quand même mal aux fesses le lendemain de votre première course, mais ça ira, aucun problème, un coussin sur la chaise et tout va bien. Les cavaliers qui préparent 100 kilomètres (amateur 1 GP / CEI*) montent généralement 4 à 5 fois par semaine et alternent travail de fond et spécifique, comme un entrainement d’athlétisme.

Crédit photo : @micka.photographie

Quel est le matériel nécessaire à la pratique de l’endurance ?

Pour débuter, le matériel habituel suffit, il faudra juste penser à bien graisser et faire sécher son filet de cuir pour ne pas l’abîmer. Il faut que la selle aille au cheval et soit confortable aussi bien pour lui que pour le cavalier. Pour le cavalier, on laisse tomber le traditionnel pantalon blanc, vous allez le salir 😀 mais vous pouvez tout autant mettre un pantalon d’équitation qu’un legging d’équitation, très confortables et plus adaptés aux mouvement de la course. Boots et chaussettes ou chaps et vous êtres prêts ! Pour les guêtres, uniquement des souples, les guêtres rigides vont gêner voir blesser votre cheval car elles ne sont pas faites pour un effort d’une ou deux heures continues. 

Crédit photo : @micka.photographie

L’endurance n’est malheureusement pas assez mise en avant sur tous les médias. Selon toi, cela est-il dû à l’ignorance de grand nombre de cavalier sur la vraie nature de l’endurance ? Comment pourrions-nous améliorer cette problématique ?


L’endurance n’est pas très connue des cavaliers qui montent en club pour une bonne raison, elle n’est pas enseignée. Peu de moniteurs connaissent la discipline ou s’y intéresse et c’est difficile pour un centre équestre d’emmener dix chevaux et poneys en compétition d’endurance car il faut une certaine logistique, du matériel plus important (grooming) que dans d’autres disciplines et surtout pour les chevaux : une semaine ferme de repose derrière. C’est plus contraignant.

En revanche, la discipline est deuxième en nombre de licenciés de la FFE derrière le CSO, cela veut dire qu’il y a du potentiel, qu’il y a forcément un pratiquant de la discipline pas loin d’un club et nous pourrions développer des formations ou des journées découvertes avant concours. Sur le blog, je relais tous les stages organisés par des cavaliers professionnels et il y en a au moins un par région, je compte bien continuer de développer cette “vulgarisation” de l’information sur la discipline.

La plupart des cavaliers aujourd’hui savent que la discipline apporte une connaissance très approfondie de son cheval et une relation très spéciale et c’est ce qui donne envie à des propriétaires de se lancer, c’est ce dont ils me parlent en premier en MP. Ce n’est juste pas évident lorsqu’on est seul, sans mentor, coach pour débuter sur une compétition. J’invite tous ceux qui veulent essayer à bien prendre connaissance du règlement fédéral comme pour chaque discipline et à suivre des comptes de cavaliers, à leur poser des questions.

En endurance, on est beaucoup dans l’entraide, c’est un travail d’équipe à deux (couple cavalier-cheval) mais aussi à plusieurs, on prend des relais sur la piste, on rencontre des gens, on se fait prêter une bouteille d’eau. tout est basé, encore une fois, sur le bien-être du cheval donc il hors de question de se mettre des bâtons dans les roues. Lorsqu’un cavalier tombe, même sur une dernière étape, les autres s’arrêtent pour vérifier que tout le monde va bien, c’est la devise. Donc n’hésitez pas, venez sur un terrain, demandez conseil au staff, aux vétérinaires, je vais citer Dumbledore mais “en endurance il y aura toujours une aide apportée à ceux qui en ont besoin” ( j’adore sa philosophie, je le cite souvent dans mes articles lol).


C’est vrai que l’endurance est peu médiatisé, encore une fois par manque de connaissance sur la discipline pour pouvoir en parler en détail, la presse ne donne pas régulièrement les résultats des concours internationaux comme ils le font pour les disciplines olympiques car ils ne peuvent se baser que sur des résultats papiers et analyser les chiffres, contrairement aux vidéos d’autres concours. 

En revanche les mauvaises nouvelles arrivaient elles. Il y a eu une vague médiatique il y a quelques années, qui ne parlait que des travers de la discipline et provoquaient le bad buzz. D’où un fort déséquilibre et l’image que cela a donné à la discipline.Durant les JEM de Tryon, ce n’est pas l’endurance qui a été pointée du doigt mais bien le commitée organisateur qui a tout fait à la dernière minute et la FEI qui n’a pas réagit assez vite. On accuse plus l’endurance dans son ensemble, les responsables portent leurs propres chaînes et les acteurs de la filière cheval qu’ils soient dans le sport ou non participent à dénoncer les mauvaises pratiques. Les travers doivent évidemment continuer d’être dénoncés, comme dans chaque discipline, pour qu’il y ait des sanctions et des mesures prises par la FEI. Aujourd’hui avec les réseaux, tout le monde est acteur de tout, avec facilité, parfois trop, parfois de manière déplacée, mais les réseaux peuvent pousser aussi à l’action contre la maltraitance animale dans n’importe quelle discipline ou domaine. Si on prend le débat de l’interdiction des guêtres postérieures dans le CSO, l’argument de report est “il ne faut pas changer les habitudes de ceux qui préparent les JO” …à parce que 2ans de préparation avec des guêtres qui ne pincent pas les boulets ça changerait les performances et risquerait de ne pas ramener de médailles ? J’ai des doutes. Finalement chaque discipline a ses problématiques : les muserolles serrées, les mors, les accidents en complet. C’est juste que par méconnaissance de la discipline, la médiatisation de l’endurance est déséquilibrée entre sport et faits divers.

Puis il y a eu des efforts de faits pour diversifier les contenus, des médias ont filmé des courses, on peut voir sur YouTube les reportages d’Equideo, la chaîne belge, de Maress Prod, spécialisé dans l’endurance ou les images d’Evelyne Bouyé et son équipe qui montrent vraiment la beauté du sport et son intensité. Je crois que le grand public et les passionnés de sports équestres ont fait à présent la différence entre l’endurance telle qu’elle doit être pratiquée, avec comme moteur principal le bien-être animal et le respect du cheval et d’un autre côté les travers d’un sport business rallye pratiqué par des gens qui ne sont pas “hommes de chevaux”.

Crédit photo : @micka.photographie

Quelles mesures ont donc été prises dans cette discipline ?


Niveau règlementaire, la FEI a mis en place un tout nouveau système pour réduire la vitesse dans les courses du désert, augmenter le nombre de qualifications requises pour le cheval et le cavalier dans le but de préserver le cheval, le changement a été brutal, radical et sans mesures complémentaires, du coup les principaux organisateurs concernés n’organisent que des nationaux. Aujourd’hui, si on veut développer positivement l’endurance, il faut construire sa notoriété et sa dynamique à partir des circuits clubs et nationaux, car le haut niveau reste un petit monde qui mêle enjeux sportifs et financiers, comme dans tous les sports, mais l’endurance a du retard sur ses compères olympiques en terme de professionnalisation de filière et son socle de pratiquants n’est pas assez solide pour porter le haut-niveau.

C’est pour ça que j’ai crée le blog, pour parler de la discipline dans son ensemble, du débutant aux résultats sportifs. Depuis un an, je vois des comptes se créer et parler de la discipline, véhiculer ses valeurs, on se diversifie et on sort de l’ombre et de “l’entre-nous de l’endurance”. Si je dois vous en conseiller pour suivre le quotidien de cavaliers : @nazira.malek.jahzira, @jentrainemoncheval @uradelafosse @team.loubiere et je vous donne rendez-vous sur YouTube !

Merci encore à Elsa d’avoir répondu à toutes nos questions qui ont su nous éclairer sur cette merveilleuse discipline qu’est l’endurance. Et vous, vous vous lancer quand dans l’endurance ?

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