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L’écurie de sport de demain

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Récemment, nous lisions avec passion et interrogation l’article complet et rempli de justesse de Roxanne Legendre sur son site internet Pegase Buzz. Dans l’article “Covid-19 : pourquoi l’écurie du cheval de sport d’aujourd’hui doit changer”, la jeune femme ainsi que Laure Souquet – Equinessentiel, nous offraient leurs visions de l’écurie de sport de demain avec des exemples concrets allant dans le sens du bien-être du cheval. Nous vous proposons ainsi aujourd’hui notre propre vision de cette dernière en prenant appui sur les justes propos des rédactrices.

Un nouveau mode de vie, le retour au naturel :

Les bienfaits d’un mode de vie au naturel ne sont pas à négliger. Si l’instinct grégaire du cheval se retrouve dans la vie au pré ou dans les pâtures, le quotidien en box est quant à lui contre productif et inutilement juste pour la santé physique et mentale du cheval.

En effet, le cheval est un mammifère qui nécessite d’être constamment en mouvement pour maintenir des muscles solides et puissants. Cet éternel mouvement lui permet ainsi de fuir rapidement un prédateur dans la nature. Or, dans un box les mouvements sont totalement réduits et ne permettent pas à l’équidé de se déplacer et donc d’utiliser ses muscles à bon escient. 

Un des autres fléaux du box réside dans le choix de la litière et de l’alimentation. Communément, les repas distribués sont répartis selon 3 rations (matin, midi et soir) et 2 distributions de foins (matin et soir). En dehors de ces plages horaires, le cheval mastique la paille utilisée comme litière cependant, si cette dernière se trouve être trop riche et fraîche les risques de bouchons intestinaux et coliques se multiplient. Notons par ailleurs le rôle joué par la paille dans le développement sur le long terme de maladies respiratoires de types emphysèmes chez les chevaux vivant à l’année sur des litières en paille… L’idéal serait donc de permettre au cheval de vivre en extérieur pour retrouver ses capacités naturels de déplacements, de réactions et de vie en communauté.

Les prés seraient évidemment séparés selon les sexes d’équidés afin d’éviter tout affrontement et risques de blessures. Différentes écuries pourraient être crées selon les sexes afin de faciliter la vie en extérieur mais l’organisation de telles structures semble tout de même difficile. Par ailleurs, plusieurs prés pour chaque troupeau permettrait de faire tourner les sols et ainsi produire des herbages plus réguliers.

  • Abreuver de façon intelligente :

En vivant à l’année en extérieur, les chevaux doivent pouvoir s’abriter des intempéries et du vent à tout moment. Naturellement, un bosquet d’arbre ou une petite forêt peut suffire mais dans les régions où cela est impossible il est nécessaire d’opter pour des abris solides pouvant abriter les équidés si besoin.

Le cheval consommant jusqu’à 75 L d’eau par jour, des points d’eau doivent être installés et ici encore une multitude de possibilités existe :

  –  Un point d’eau naturel :

Il arrive que les prés soient traversés par des cours d’eaux ou étangs/rivières. Cela peut alors être une bonne solution afin d’économiser de l’eau et de l’argent.

Il faut cependant être attentifs à la qualité de l’eau de ces sources naturelles. D’après l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Equitation), il est important d’étudier en amont la qualité de l’eau qui peut être polluée par des bactéries, algues, urine de rongeurs porteurs de leptospirose, substances chimiques ou organiques… Il est alors nécessaire de faire étudier régulièrement l’eau afin de garantir une source saine.

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  –  Des solutions variées :

Si des points naturels ne sont pas possibles il est alors intéressant d’opter pour de larges bacs d’eau équipés de systèmes antigel afin de permettre un accès en toute saison. Si cela n’est pas possible, opter pour un morceau de bois dans le bac limite l’emprise du gel.

Par ailleurs, il est intéressant de se questionner quant à la position du bac à eau dans le pré. Pour favoriser le déplacement naturel des chevaux, placer les bacs d’eau dans des zones généralement peu occupées du pré est utile pour ne pas polluer l’eau par des piétinements, éclats de boue,… produits aux lieu les plus habités du pâturage. Par ailleurs, positionner les bacs d’eau simultanément sous la clôture de deux prés permet d’alimenter deux prés en même temps et ne nécessite pas d’être déplacé s’il est nécessaire de faire varier les chevaux de prés.

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Une alimentation adaptée :

Si la vie en extérieur offre de nombreuses possibilités, il advient de se poser des questions quant à l‘alimentation apportée à nos équidés. Dans une équitation à la recherche du bien-être du cheval, l’alimentation doit être remise en question afin de proposer des aliments de meilleure qualité et apportant les apports les plus justes au cheval.

Globalement, le cheval est un mammifère herbivore apte à tirer une partie de ses sources d’énergies par la digestion des fibres de présentes dans les herbages. Cependant, le cheval possède également la capacité de pouvoir utiliser des substrats énergétiques contenus dans les céréales et matières grasses. Jusque là cela ne pose aucun souci à la vie quotidienne du cheval mais l’utilisation excessive d’alimentation floconnée ou de granulés composés à majorité de ces substrats énergétiques peut entrainer des dommages de santé à long terme chez l’équidé. Le problème lié à ces types d’alimentation réside dans la digestion de l’amidon chez le cheval.

En effet, cette dernière commence dans l’estomac du cheval et l’amidon restant qui n’est pas dégradé par les bactéries de l’estomac atteint l’intestin grêles et par différents processus biologiques le glucose et autres sucres simples présents dans la ration du cheval sont alors absorbés et circulent dans le sang. L’ingestion d’une trop grande quantité de céréales peut généralement engendrer de nombreuses complications comme les ulcères gastriques, acidose intestinale et autres atteintes pouvant être à l‘origine de coliques.

L’utilisation de céréales reste tout de même intéressante pour les apports qu’elle fournie mais il est important d’en doser son utilisation. Si l’alimentation au fourrage simple (type foin et herbages des pâtures), en parallèle de compléments minéraux vitaminés, peut suffire au chevaux dont les besoins sont plus légers, ce type d’alimentation n’est tout de même pas possible chez des chevaux de sports ou demandant plus d’apports quotidiens. Il est important de connaitre les apports nutritifs du fourrage utilisé afin de compléter de façon adaptée les lipides. Notons par ailleurs, que la quantité conseillée d’amidon est de 500g par repas pour un cheval de 500kg afin d’éviter le développement d’ulcères et de complications lors de la digestion.

Dans ces cas de figures, il est nécessaire de posséder des connaissances dans les domaines de l’alimentation équine afin de constituer des programmes appropriés à chaque cheval. Globalement, dans un mode de vie en extérieur il serait intéressant d’opter sur une base de fourrage à volonté au pré (au moyen de grands rateliers adaptés au nombre d’équidés) en parallèle de rations adaptés à chaque cheval après la séance de travail car la ration a trop souvent tendance à être distribuée avant le travail en dépit des complications de digestion que cela peut engendrer chez l’équidé.

Une organisation d’écurie innovante :

Les chevaux étant constamment au pré, le nombre de box nécessaire serait nettement réduit et ils ne serait utiles qu’en cas de gestation pour un élevage, ou en cas de blessure nécessitant des soins spécifiques. Ces box seraient alors à proximité des prés, pour ne pas changer brusquement le mode de vie du cheval, et seraient au centre des infrastructures afin de garantir une surveillance et une disponibilité du personnel permanente.

Quant aux installations de soins, les écuries seraient équipées de stalles adaptées en fonction des vocations premières de l’écurie (commerce, professionnel,…) mais proposeraient globalement :

  • Des douches intérieures (doucher à toute période de l’année)
  • Des solariums (sécher le cheval, détendre les muscles,…)
  • Un pôle de travail centralisé :

Une meilleure organisation des structures de travail permet un réel gain de temps dans la gestion journalière des tâches au sein d’une écurie. Avec des installations centralisées et dont les prés se situeraient en périphérie, les professionnels gagneraient un temps non négligeable dans le travail de chaque cheval. Le manège serait utile pour le travail sur le plat, préparer aux circuits indoors et au travail plus poussé du jeune cheval. La carrière serait quant à elle parfaite pour un travail de préparation aux concours sur des pistes extérieures en permettant d’enchainer des parcours variés.

Le travail des chevaux en extérieur a également montré de réels bénéfices pour la santé mentale de ces derniers. Il serait donc intéressant de pouvoir disposer de chemins de ballade, de spring garden et autres installations extérieures afin de proposer un travail varié et adapté à chaque cheval.

  • L’importance d’un sol de qualité :

La qualité des sols choisis est également un paramètre à prendre en compte lors de la construction des structures. En effet, lors des déplacements et des sauts, le cheval peut supporter jusqu’à 4 fois son poids sur le premier antérieur qui réceptionne. Lors de ce processus c’est ainsi ses tendons, phalanges, sabots et autres parties du pied du cheval qui viennent jouer le rôle d’amortisseur, restant cependant limités. Le sol vient ainsi jouer un rôle majeur dans l’amortissement des chocs liés aux sauts et déplacements.

Equiweb vous conseille particulièrement les terrains aux sols Equi + (Mondial du Lion d’Angers, Longines Paris Eiffel Jumping,…)

Lorsque l’on observe différentes pistes, il s’avère que les terrains en “sable fibré-huilé” sont les meilleurs car ils limitent les lésions articulaires et tendineuses en proposant des forces verticales et longitudinales les plus faibles possibles (FV : choc du sabot sur le sol / FL: ralentissement du pied avant de s’arrêter complètement).

Une fois le bon sol choisi, son entretien est majeur dans la conservation d’un terrain apte au travail du cheval. Il est important de pouvoir évoluer sur un sol ni trop profond ni trop dur afin de préserver les membres du cheval et limiter ainsi les risques de tendinites, lésions osseuses et autres blessures. Il serait alors intéressant de pouvoir disposer d’un arrosage automatique à associer à un hersage régulier du sol afin de pouvoir garantir sa  technicité maximale.

Pour conclure, une écurie de sport innovante réside dans le bien-être du cheval et dans l’organisation. Nous vous avons proposé aujourd’hui notre propre vision de l’écurie de sport de demain, mais bien entendu de nombreuses représentations de cette dernière existe et est propre à chacun. N’hésitez-pas à nous donner votre point de vue sur la question et nous partagerons avec plaisir votre vision. À très bientôt !

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