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La sécurité en concours complet…vers une amélioration ?

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Bonjour à tous les cavaliers ! Ces derniers mois ont été assez marquants pour le monde équestre et plus particulièrement celui du concours complet. Réputé très dangereux, ce dernier a connu 3 graves incidents en seulement quelques mois. Après la disparition de la jeune et talentueuse cavalière Thaïs Meheust et l’accident du français Thibault Fournier la question de la sécurité en concours complet est nettement remise en question : les obstacles sont-ils trop massifs ? Doit-on se diriger vers des obstacles davantage mobiles ? Le format de 3 n’est-il pas trop intensif pour la santé du cheval ? Et du côté du matériel, doit-on développer des technologies plus sécurisantes ? Dans cet article, Equiweb va mener l’enquête afin de tenter de répondre à ces questions. Bonne lecture ! ❤️

Penchons-nous d’abord sur l’évolution du concours complet depuis ces dernières décennies. Pour cela nous allons prendre appui sur une vidéo des championnats du monde de CCE à Lexington de 1978 :

Globalement, on constate que le modèle du cheval de complet à haut niveau est toujours le même: un cheval plutôt longiligne et dans le sang.

Pour ce qui est des parcours, pas mal de choses ont changé. Au niveau sécurité par exemple : les côtes des parcours ont changé, on trouve aujourd’hui des obstacles un peu moins impressionnants et plus sécurisants. En effet, le profil des obstacles présents sur cette vidéo montre un abord et une réception presque toujours en pente. On constate ainsi les efforts du cheval comme du cavalier pour franchir certains profils qui entrainent des chutes violentes (dès le premier couple notamment). Aujourd’hui la qualité du sol et notamment des zones d’abord et de réception est devenues des priorités pour les organisateurs : ces derniers sont souvent sécurisés au moyen du sable et “Il doit permettre aux services de secours d’intervenir en tout lieu.” (Règlement CCE applicable au 02/09/2019). Par ailleurs, les répercussions des chutes ont également évolué : autrefois ces dernières n’étaient pas éliminatoires, on peut ainsi voir un cavalier repartir sur son tour sans même vérifier l’état de santé de son cheval (qui peut très bien s’être blessé, mais cela ne se verra qu’au retour du parcours). Notons qu’avec le règlement actuel “Tout cavalier éliminé pour chute devra se présenter au service de secours du concours afin d’être examiné” et “En épreuves Club, Poney et Amateur, un poney / cheval éliminé pour chute à l’obstacle sur le cross, niveau 2, 3 ou 4, […] devra obligatoirement participer et terminer la fois suivante, une épreuve d’un niveau inférieur à celle sur lequel la chute est advenue, sous peine de disqualification”.

On peut également noter la disparition de l’épreuve de routier ainsi que la diminution de la distance des parcours. En effet , les cavaliers devaient s’attaquer à 4 réelles épreuves lors du cross :

  • un routier de 6km à réaliser en 20min au trot
  • un steeple de 3km avec de nombreux obstacles de volée à réaliser à un rythme très élevé (690m/min)
  • un second routier de 45min
  • après une courte pause venait enfin le cross avec près de 8km

Chaque couple devait ainsi parcourir près de 25 km, effort tellement intense qu’un cheval de haut niveau ne pouvait concourir que deux à trois fois par an en concours complet. Bien loin donc des temps modernes où il est fréquent de voir des cavaliers sortir avec leurs montures sur plusieurs concours complets par mois. Cependant, en 2002 cette discipline a été menacée de disparition des Jeux olympiques de par son danger mais aussi à cause de son manque de médiatisation. De nombreuses mesures ont alors été prises et nous avons pu remarquer une réelle amélioration des parcours niveau sécurité. Cependant, les accidents restent possibles et souvent terribles : en 2007, le nombre d’accidents graves ou mortels sur l’ensemble des épreuves internationales est passé de 1 tous les 379 partants en 2006 à 1 tous les 303 partants. En 2007, 27% des chutes étaient des panaches, contre 21% en 2006 et 19% en 2002. Mais comment expliquer ces augmentations de panaches ?

Aujourd’hui, le concours complet est porté depuis le plus jeune âge par l’adrénaline que ce sport apporte. Je concours personnellement plusieurs fois par an en épreuve de CCE de niveau Club 1, et pour moi la sensation de liberté qu’apporte le cross différencie beaucoup ce dernier des parcours de sauts d’obstacles communs. Cependant, dès les épreuves poneys on apprend aux jeunes cavaliers d’aller vite afin de rentrer dans les temps. Cet apprentissage se ressent plus tard dans des épreuves de niveaux supérieurs : certains cavaliers n’écoutent pas leur monture et se mettent ainsi en danger inutilement mais surtout inconsciemment ! Par ailleurs, on peut également prendre en compte le manque de préparation des chevaux comme des cavaliers; il n’est pas rare de voir concourir des montures en surpoids et non en parfaite santé, ainsi que des cavaliers mal préparés à gérer l’attitude de leur monture et à adapter le train de galop en fonction du terrain, des profils d’obstacles et surtout de l’état de leur monture.

Penchons-nous maintenant sur le profil des obstacles, ces derniers ayant nettement évolué en quelques décennies. Auparavant, tous les obstacles étaient fixes puisque c’est l’essence même du concours complet mais suite aux accidents mortels, les organisateurs et chefs de parcours ont opté pour certains obstacles à moitié fixes. Ainsi, lorsque ces derniers reçoivent une pression trop importante sur la partie supérieure cette dernière vient se détacher afin d’éviter de panacher.

Crédit photo : FRANCE COMPLET

Une réunion a d’ailleurs eu lieu le 19 octobre au lendemain de l’accident de Thibault Fournier et seulement quelques semaines après la tragique disparition de Thaïs Meheust : en savoir plus.

Début septembre, le monde équestre était en deuil. Nous voilà déjà plus d’un mois après la disparition de Thaïs mais l’émotion est toujours présente lorsqu’on pense au tragique accident qu’a subi cette jeune cavalière. Elle participait aux championnats de France des chevaux de sept ans avec Chaman Dumontceau avant d’être victime d’une violente chute au 2ème obstacle de son parcours. Après ce terrible incident le monde du concours complet a été frappé d’une seconde vague d’émotion après la chute de Thibault Fournier victime d’une chute grave avec Chactas Chalonges, alors qu’ils courraient une épreuve Pro 4. Aujourd’hui tiré d’affaire l’équipe d’Equiweb lui souhaite un bon rétablissement.

Début septembre, le monde équestre était en deuil. Nous voilà déjà plus d’un mois après la disparition de Thaïs mais l’émotion est toujours présente lorsqu’on pense au tragique accident qu’a subi cette jeune cavalière. Elle participait aux championnats de France des chevaux de sept ans avec Chaman Dumontceau avant d’être victime d’une violente chute au 2ème obstacle de son parcours. Après ce terrible incident le monde du concours complet a été frappé d’une seconde vague d’émotion après la chute de Thibault Fournier victime d’une chute grave avec Chactas Chalonges, alors qu’ils courraient une épreuve Pro 4. Aujourd’hui tiré d’affaire l’équipe d’Equiweb lui souhaite un bon rétablissement.

Vient ensuite la question du matériel ! On peut dire sans aucun doute que c’est vraiment ce qui a le plus évolué depuis tout ce temps ! Lorsqu’on visionne les épreuves de 1938 (disponibles sur Youtube) des épreuves de concours complet aux Jeux Olympiques on peut distinguer l’absence de protections céphaliques aujourd’hui obligatoires. Les casques de ces dernières années ne cessent de se développer afin de protéger au mieux la tête des cavaliers. Sur le marché on peut notamment citer GPA, Samshield ou encore KEP qui sont les leaders en termes de sécurité. Effectivement de nombres normes viennent réguler les ventes des protections afin de proposer la meilleure protection possible. Ainsi les casques (à l’image de Samshield) passent de nombreux tests de pressions, de chocs ou de chutes. La norme européenne pour les casques d’équitation est :CE VG1 01.040 2014-12. Malgré le bond fulgurant des ventes de casques aux visières “polo”, ces dernières restent plutôt dangereuses pour la pratique du cross car le risque de se fracturer les os du visage est bien présent. On peut alors opter pour un modèle de casque avec une visière basique ou bien investir dans un casque sans visière comme le propose Samshield :

Outre les casques, il est obligatoire de disposer d’un gilet de protection de niveau 3 qu’on peut associer à un gilet airbag. Pour des raisons de sécurité évidentes il est interdit d’uniquement porter un airbag. La vente de ce dernier a explosé après la chute du champion olympique Karim Florent Laghouag :

Il permet d’absorber de la meilleure façon les chocs afin de protéger les parties vitales du haut du corps : la colonne vertébrale, le coccyx et la nuque en fonction des modèles choisis. Son utilisation permet de limiter les risques de lésions mortelles ou graves. Il doit être conforme à la directive européenne 89 / 686 / CEE du 21 décembre 1989, seul le certificat CE à dire d’expert reste l’exigence minimale. Son prix de 400 à près de 600€ en moyenne (+ 20€ par cartouche) mais il est important de rappeler que la sécurité n’a pas prix ! Ainsi, il est de plus en plus fréquent de voir des cavaliers porter des gilets airbag en épreuves de concours complet !

Crédit photo : HIT AIR

Autre élément de sécurité primordial, les étriers. Sur ces derniers repose l’équilibre du cavalier tout au long du parcours et en cas de chute ils doivent pouvoir libérer le pied le plus vite possible. Autrefois on trouvait sur le marché des étriers lourds en fer qui fixaient la jambe et n’était donc pas les plus performants sur le point sécuritaire. Depuis une dizaine d’années le marché dispose d’une gamme de produits la plus innovante possible : branches externes flexibles, système de décrochage, parties amovibles en cas de chutes…. de quoi éviter d’avoir un pied coincé et éviter les risques inutiles !

Mais que peut-on faire pour éviter ces accidents ? Equiweb vous propose une liste (non exhaustive) d’éventuelles améliorations possibles afin de mener au mieux le déroulement des concours complets :

  • Augmenter le niveau d’exigence des épreuves de dressage en niveau Poney/Club/Amateur.
  • Adopter un meilleur suivi des performances avant de permettre à un couple de monter en épreuve de niveau supérieur.
  • Opter pour des obstacles fixes sur certaines parties mais amovibles en cas de chutes ou forte pression, entrainant dans ce cas une pénalité.
  • Suivre davantage la préparation des chevaux et des cavaliers évoluant en épreuves internationales afin de préserver la santé et optimiser les performances sportives.
  • Proposer des formations préventives sur les risques du concours complet à tous niveaux.
  • Rendre obligatoire le port du gilet airbag.

          

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